lundi 7 avril 2008

Une Bien Triste Journée.

Je ne savais trop comment intituler ce billet.
J’ai hésité entre des bons mots du genre « Libérez Pékin ! Les J.O. à Lhassa ! », voire « Bobos contre Cocos ».
J’ai failli mettre le mot « honte » (mais il reviendra dans ce billet).
Finalement je me contente de mon ressentiment général de la chose.
J’essaie de résumer dans l’ordre sans trop oublier de trucs…

Déjà, un petit rappel de ce qu’était le passage de la flamme olympique à Paris il y a 4 ans (j’étais tombé dessus presque par hasard à l’époque) :

Un événement passé presque inaperçu, sinon par quelques accros de la flamme (s’il en existe) et ceux qui comme moi tombèrent dessus par hasard…

Je sais que les deux événements ne sont pas comparables, mais j’avais quand même envie de faire un parallèle.

Aujourd’hui, tout à commencé après être passé à mon bureau (situé dans le quartier du Trocadéro), vers 12h30…

Place du Trocadéro, il y avait une manif pro-Tibet, très calme et assez bon enfant… Elle était composée essentiellement de Tibétains et de Bobos parisiens qui comme d’habitude croient que ce genre de choses « fait changer les choses », que « c'est pas en fermant sa gueule que ça changera quelque chose non plus, au moins il y en a qui essaient. » Essaient quoi ? Personnellement, je ne vois pas trop la différence qui existe entre ce genre de manifestation et ne rien faire, sinon se donner bonne conscience. (plus de détails sur mon opinion de la chose dans un autre billet peut-être, là je vais essayer de rester factuel, même si mon avis sera toujours là en filigrane bien sûr).


Bref, je trouvais cette manif limite pathétique. J’ai toujours pensé que dans ce genre de situation, c’est en attaquant directement les intérêts de la personne/institution/pays contre lequel on est remonté que l’on sert à quelque chose, pas en remuant des pancartes et chantant des slogans.

Je décidai ensuite de m’approcher de la Tour Eiffel. Passer par le Trocadéro semblait difficile (je découvris par la suite que les deux escaliers qui descendent vers le pont d’Iéna étaient bloqués par la police), je décidai donc de passer par l’avenue du Président-Wilson, mais celle-ci semblait bloquée par un cordon de CRS. Je m’approche d’un et lui demande si l’avenue est bloquée sur toute sa longueur (histoire de savoir jusqu’où aller sur l’avenue Kléber ou la rue de Longchamp pour contourner le barrage… j’espère que vous suivez sur un plan de ville…) et l’agent des forces de l’ordre de me répondre qu’elle n’est pas bloquée du tout, et moi de le regarder un peu interloqué, parce que visiblement il était pas en train de faire un pique-nique.

Il ajoute : vous pouvez passer si vous n’avez pas de drapeau du Tibet sur vous, et il me fait ouvrir mon sac…

Là, premier gros hic qui va se poursuivre toute la journée.

La dernière fois que je me suis renseigné, il me semble bien que c’était en Chine Populaire que le drapeau du Tibet était interdit, pas en France, mais voila, j’allais découvrir plus tard que (et vous le savez aussi si vous avez un peu suivi les infos) aujourd’hui, la police française n’était pas dirigée par la Préfecture de Police, ni par le Ministère de l’Intérieur, mais bien par le gouvernement chinois qui contrôlait un peu tout ce qu’il se passait aujourd’hui à Paris (encore un signe supplémentaire que la Chine est bien devenue la première puissance mondiale pendant que les Occidentaux avaient le dos tourné (et certains l’ont encore)).

Parmi les autres incidents très démocratiques survenus aujourd’hui, on notera le passage à tabac de plusieurs journalistes par les CRS, dont des cameramen de France 2 qui ont pu filmer l’incident (certainement disponible sur youtube au moment où je tape ces lignes).

Donc après avoir été fouillé par la police pour voir si je n’étais pas un dissident, je fus autorisé à m’approcher de la Tour Eiffel… Oui bon pas exactement, le pont d’Iéna étant bloqué au public devant se contenter de la place de Varsovie. Place de Varsovie sur laquelle des Chinois (touristes ? résidants à Paris ?) essayaient tant bien que mal de célébrer la chose (un peu plus sur eux dans quelques lignes).

Là, notre histoire s’interrompt un moment. Je suis rentré chez moi, pour déjeuner et m’occuper de quelques affaires courantes etc.

Je suis reparti aux environs de 15 heures, direction l’Hôtel de Ville, où se sont déroulé les incidents les plus intenses dont j’ai été témoin (mais apparemment, il y a eu plus intense ailleurs). Et me voilà sur une demi-place de l’Hôtel de Ville (l’autre moitié étant réservée à la cérémonie qui devait avoir lieu, mais fut annulée à la dernière seconde par les autorités chinoises, toujours maîtres des événements et vexés qu’un élu municipal afficha un drapeau tibétain à l’une des fenêtres de l’Hôtel de Ville) remplie à ras bord de gens que l’on pouvait diviser en trois catégories plus ou moins égales en nombre :
- Les simples passants, curieux, spectateurs.
- Les manifestants.
- Les Chinois.


Je vais commencer par ces derniers. Si selon des rumeurs que j’ai entendue ici ou là, il s’agissait essentiellement de gens commandités par l’Ambassade de Chine, la réalité de la chose était toute autre. Car s’il y avait des Chinois vraisemblablement là pour faire bonne figure, la plupart étaient des Chinois comme vous et moi, qu’ils soient touristes ou résidant à Paris. Et malgré tous les problèmes politiques, malgré tous les incidents d’aujourd’hui, j’estime qu’ils étaient dans leur bon droit, qu’ils étaient là pour essayer de célébrer quelque chose que n’importe qui souhaiterait célébrer s’il s’agissait de son pays qui organise les Jeux. J’estime même que la plupart ont fait preuve d’un grand sang froid face aux insultes et huées des manifestants.



Car sur la place de l’Hôtel de Ville, les choses les plus choquantes auxquelles j’ai assisté, proviennent des manifestants. Ce coup-ci, il n’y avait pas que des Bobos ridicules et des militants tibétains, mais aussi et surtout divers militants se disant défenseurs des droits de l’homme et de la liberté d’expression couvrant d’insultes les Chinois présents, huant et sifflant leur hymne national, venant parfois même aux mains. Un manque de respect honteux. Manque de respect pour des personnes qui le méritent quel que soit les exactions de leur gouvernement, mais aussi pour les valeurs qu’ils sont censés défendre…

A ce moment-là, j’ai eu honte d’être Français, ces donneurs de leçons qui se croient détenteurs de certaines valeurs qu’ils ne sont eux-mêmes pas capables de respecter.


Un sit-in bien entouré.



"L'incident" ayant provoqué l'annulation de la cérémonie de l'Hôtel de Ville.



Au moins, certains essayaient (avec un certain succès) l'humour...


Puis je décidai de me diriger vers l’Assemblée Nationale. En route, petite intervention de la Brigade Fluviale au pont au Change.


Arrivé, devant le Musée d’Orsay, à quelques mètres à peine du lieu où j’avais vu la flamme il y a quatre ans, je tombai sur… le bus qui contenait les « gardes du corps » chinois (ceux que vous avez vu éteindre la flamme des mains de David Douillet) et aussi la flamme (très certainement éteinte.. oui, pour ceux qui pensaient que la flamme restaient allumée sans interruption d’Olympie à sa destination, je suis désolé de tuer une de vos illusions).

La Flamme passant quai Anatole France
(dans le bus, escortée de ses petits hommes en bleu et blanc)


Il paraît que c’est arrivés à l’Assemblée Nationale, où devait se dérouler une autre cérémonie, que les organisateurs chinois, décidèrent de tout annuler une bonne fois pour toute quand ils virent des députés manifester eux aussi…

Un autre signe de qui menait la danse tout aujourd’hui… et c’était pas la République Française...

Les députés manifestent eux aussi
Parmi eux Noël Mamère et la Panaf', saurez-vous les retrouver ?
Pour vous aider, un gros plan de la même photo (cliquez dessus) :


Finalement, à Charlety, le bus remplis d’organisateurs chinois arriva sain et sauf (esquiva de peu quelques lancés d’œufs quand même), fit sa petite cérémonie d’allumage d’une vasque avec quelques dragons et feux d’artifice dans son coin, loin de tout public (comme dans toute démocratie qui se respecte, hum, hum…)

Arrivée du cortège sur le boulevard Jourdan


Les officiels chinois arrivent au Stade Charlety sous les "acclamations" de la foule.


La très publique cérémonie à l'entrée du Stade Charlety.
(avec de beaux feux d'artifice)


Les spectateurs chinois essayaient d’être aussi festifs que possible, toujours sous les insultes des bien-pensants de service qui auraient montré un peu plus de courage à s’attaquer aux forces de l’ordre, voire directement aux organisateurs, plutôt qu’à des jeunes de 20 ans qui n’ont rien demandé et qui ne sont en rien responsables des exactions de leur gouvernement (qu’ils n’ont pas élus, eux… mais je vais essayer de ne pas m’égarer en allusions)

Quant aux athlètes qui étaient censés porter cette flamme, ils étaient vraiment hébétés et ne savaient plus que faire ou dire :




Demain, San Francisco….

1 commentaire:

  1. WAOU! Je voudrais faire des commentaires mais je suis très étonnée! Je n'ai pas eu le temps de tout lire.
    Ils sont en train de preparer (les manifs) à San Fran en ce moment-là.

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