mercredi 28 novembre 2007

Mêmes causes, mêmes effets.

Et c’est reparti pour un tour. Je parle d’émeutes en banlieue.

Que dire qui n’a déjà été dit ?

Que personne n’a tiré aucune conclusion des incidents d’il y a deux ans.

Que même à l’époque, cela n’aurait dû surprendre personne, et pourtant, nombreux sont ceux qui ne comprennent toujours pas les raisons de tels comportements. Le pire, c’est que ce sont surtout les gens de pouvoir qui ne comprennent pas.

En même temps, c’est normal, ces gens-là sont totalement déconnectés de la réalité depuis des années, et le peu de réalité avec lequel ils sont en contact se situe dans des endroits (7e, 8e, 16e arrondissements et Neuilly pour ne pas les nommer) qui sont –je ne vous apprends rien, sauf si vous ne connaissez pas Paris- les quartiers les moins représentatifs de la réalité.

Alors bien sûr, tant que rien ne sera fait, tant que le pouvoir ne comprendra pas, tant que la majorité de la population se voilera la face, la seule façon dont les choses pourront changer, sera en pire.

Je lisais aujourd’hui à droite à gauche des trucs comme : « les banlieues vont devenir des ghettos, » « ça va finir comme aux Etats-Unis »…

Sauf que les banlieues sont déjà des ghettos (pas toutes bien sûr) et que non ça ne finira pas comme aux US, parce que paradoxalement, aux US, la situation n’est pas si terrible. Les US ont aussi des problèmes avec leurs ghettos, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, mais ils ne sont pas prêts à exploser à la moindre étincelle comme par chez nous, la violence n’est pas massivement dirigée contre les institutions comme ici, le problème est entièrement différent, et donc revenons à nos moutons.


Or donc, ce coup-ci, les armes en feu sont entrées en lice et tout le monde s’en émeut.

Je suis toujours surpris par la capacité à s’émouvoir du bon peuple français (et de ses journalistes, et de ses politiques, etc).

Il y a deux ans, nous avons des émeutes, significatives de pleins de trucs.

Qu’est-ce qui est fait ? Rien.

Ou plutôt si, de belles paroles du gouvernement et du Ministre de l’Intérieur de l’époque. Paroles servant essentiellement à paver la voie pour sa future élection à la Présidence, c'est-à-dire, à émouvoir le travailleur, faire peur à la bourgeoise et mettre de la poudre aux yeux à tout le monde, parce que tant qu’il parle et qu’il gesticule (et Dieu sait qu’il parle et qu’il gesticule) on ne porte pas notre attention sur son bilan (calamiteux au Ministère en question, et qui ne sera pas très différent à l’Elysée).

Comment tout le monde a réussi à oublier que les banlieues étaient une poudrière quelques mois après les émeutes de l’époque reste un mystère pour moi. Qu’on soit surpris qu’aujourd’hui ça pète de nouveau, et ce de manière encore plus violente en est un encore plus grand (de mystère).


La suite des événements ?

Ça va se calmer, Sarkozy va faire pleurer dans les chaumières en allant au chevet des blessés et des familles des victimes, puis se montrera très en colère et dira solennellement qu’il faut punir les coupables (ah… on m’informe qu’il l’a fait aujourd’hui, à peine sorti de son avion en provenance de Beijing), il y aura de grands discours, de belles paroles, de nombreux débats à la TV, des colonnes dans les journaux, et puis dans quelques semaines on passera au truc suivant (que sera-t-il ? de nouvelles grèves ? une catastrophe naturelle ? une guerre ? qui sait ?) et rien ne sera fait dans les banlieues, rien ne sera fait par rapport au fonctionnement du pays dans son ensemble, et dans quelques temps (6 mois ? un an ? deux ans ?) une autre étincelle remettra le feu aux poudres, les émeutes seront encore plus violentes, il y aura de nombreux morts, et on sera repartis pour un tour.



Pour finir sur le sujet, la thèse comme quoi, l’accident ayant fait office d’étincelle cette fois-ci n’était pas un banal accident de la route, et que la police aurait essayé de camoufler la bavure (?) s’avèrerait de plus en plus crédible. Je pourrais faire de longs commentaires là-dessus, mais attendons que plus de lumière soit faite sur les faits.


Et finalement, je n’excuse en rien la stupidité des émeutiers qui comme il y a deux ans, s’attaquent aux mauvaises cibles : voitures de leurs voisins, écoles où leurs petits frères et sœurs pourraient apprendre quelque chose, bibliothèques locales (parce que tout le monde sait que s’instruire ne sert à rien).

Je ne pense pas que la violence soit la bonne solution pour ce problème, mais dans tous les cas, si on veut recourir à la violence, qu’on y recoure de manière intelligente. C’est pas son propre environnement qu’il faut prendre pour cible. C’est les hauts lieux du pouvoir (qu’il soit politique ou financier), c’est l’Elysée, c’est le 16e, c’est la Place Vendôme.

Mais évidemment, pour agir de la sorte (et commencer un semblant de vraie révolution), il faudrait savoir faire preuve d’un minimum de réflexion, avoir un minimum de culture.

Maintenant de là à penser que le pouvoir s’arrange bien du fait que cette partie de la population (attention, je ne parle pas des banlieues dans leur ensemble, suivez un peu) soit pratiquement illettrée et ne sache pas prendre de recul sur les situations dans lesquelles ils se retrouvent, il n’y a qu’un pas que je n’oserais franchir.


A plus tard avec quelque chose de plus léger, espérons-le.

(et dire que je voulais aussi blogger sur la grève depuis plusieurs jours…)

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