jeudi 20 août 2009

Jour 11 : 28 mai – Epilogue "I’m on a plane, I can’t complain"… No, really ? I can’t? Damn!

Je crois que c’était la première fois que je prenais l’avion le soir tard, et je sais pas, mais l’ambiance semblait différente dans l’aéroport. Ou alors c’est moi qui n’était affecté ni par le décalage horaire, ni par le manque de sommeil, ni par une quelconque autre fatigue ? Je ne sais pas, mais je me sentais différent de la plupart de mes autres attentes de vol dans un aéroport, je ne sais pas.
Il y avait aussi certainement ce mélange d’excitation et d’appréhension quant au fait de rentrer en France.

Si vous avez déjà passé un peu de temps à l’étranger –et par ça j’entends « pas uniquement avec des gens de votre nationalité et avec un maximum de contact avec les locaux »- vous devez être familiers avec le concept de « choc culturel inversé », c'est-à-dire en gros qu’une fois de retour au pays on doit se réajuster à sa propre culture, de manière similaire (bien que différente pour des raisons évidentes) à la façon dont on fut confronté à la culture étrangère la première fois.
C’est un phénomène que je connais très bien et qui m’affecta assez violemment à mon retour des US, mais je ne savais pas si ça allait aussi m’affecter après un voyage de 10 jours dans un pays auquel je ne comprenais pas grand-chose finalement.
Et bien la réponse fut positive, mais ce à quoi je ne m’attendais pas du tout, c’est que ça allait commencer avant même le décollage depuis Hong Kong.

Mais parlons d’abord de l’avion, si je me souviens bien un Airbus A340, et même si l’équipement et le confort était tout à fait normal sur ce type d’avion (similaire à ceux entre Hong Kong et Osaka ou à ceux que je prenais quand je traversais régulièrement l’Atlantique), je m’attendais à retrouver un avion similaire au voyage aller et ne pouvais m’empêcher d’être quand même assez déçu (on s’embourgeoise vite, je sais).

Mais le pire était à venir quand bientôt tout un groupe de Français monta dans l’avion et s’installa juste dernière nous. Ils voyageaient ensemble et revenaient semble-t-il du Vietnam, et vous aurez bien sûr compris qu’ils ne venaient pas d’y faire un grand voyage culturel ou humanitaire, ils avaient même très certainement passé leur temps dans un Club Med ou un truc du genre, n'étant confrontés au locaux que lors de rares excursions dans le "village" formaté pour les touristes du coin.

Et je crois qu’ils nous ont fait la totale :
-Parler super fort comme s’ils étaient les seuls dans l’avion -cela va de soi- et si possible pour faire de grosses blagues pas marrantes et des commentaires plus que bas du plafond.
-Faire chier l’hôtesse (et des passagers) pour pouvoir changer de place dans l’avion pour être à côté de leur copain (niveau collège en gros).
-Un des types du groupes (qui avait l’air d’être un boulet, même au yeux de ses potes) a embarqué en dernier dans l’avion, plusieurs minutes après tout le monde (j’imagine les annonces dans l’aéroport) et tranquille comme si de rien n’était. Quand ses potes lui demandèrent où il était, il répondit placidement qu’il était allé manger, et qu’il avait voulu terminer son repas avant d'embarquer, et qu’il ne voyait pas le problème, l’avion n’était pas en retard après tout.
-Et bien sûr la série de commentaires sur les étrangers, allant du paternalo-colonialisme jusqu’au bon vieux racisme et à la bonne vieille xénophobie des familles.

Cela me fait d’ailleurs penser qu’il y a quelque chose qui sent très mauvais en France sur le sujet. En France, c’est en théorie mal d’être raciste…
Sauf qu’il y a une gradation dans le racisme des plus malsaines.
Tout d’abord, il y a l’antisémitisme… L’antisémitisme c’est très mal, c’est le pire truc du monde, ça doit être vrai, c’est les ligues sionistes françaises (et qui parlent bien souvent au nom de tous les Juifs dans les médias) qui le disent. Pour eux l’antisémitisme c’est même pas du racisme, c’est au-delà du racisme. En quoi les deux sont différents ? Il faudra me l’expliquer un jour, mais bon au final nous avons maintenant un pays où tout non-juif est limite soupçonné d’antisémitisme dès qu’il prononce le mot « juif » (genre là, si un mec de la CRIF tombe sur ce blog, j’ai droit à la tentative de procès pour antisémitisme uniquement pour ces propos).
Ensuite, il y a le racisme contre les Arabes. C’est très mal ça le racisme contre les Arabes dans l’esprit des Français, ça fait de vous un lepeniste en puissance, et ça c’est pas bien, donc le racisme contre les Arabes, il ne faut pas c’est mal.
Le racisme contre les Noirs ? C’est pas bien non plus. Mais bon, une bonne petite blague sur un Noir de temps en temps ça fait pas de mal n’est-ce pas ? Et puis c’est des bons danseurs les Noirs ! Et puis ils sont meilleurs en sport que les Blancs, et puis leur bite, je vous ai parlé de leur bite ?
Mais bien sûr quelqu’un tenant ce genre de propos, vous expliquera que non c’est pas du racisme, il adore les Noirs en fait, mais bon on peut bien rigoler un peu.
Finalement, il y a le racisme contre les Asiatiques et en particulier les Chinois.
C’est mal le racisme contre les Asiatiques et en particulier les Chinois ?
En théorie, oui, c’est mal… Mais en pratique, quand j’entends tous les commentaires, les mauvaises blagues, les tons condescendants quand on s’adresse à eux dans les rues de Paris et j’en passe, j’ai la drôle de sensation un peu vomitive qu’en fait le racisme anti-Asiatique ne choque finalement pas grand monde en France et qu’il est même assez répandu…
A gerber donc…
Et c’est un peu à ce genre de trucs auquel nous avons eu droit dans l’avion.

Une fois l’avion dans les airs, les choses se calmèrent un peu, les bobeaufs (trop beaufs pour être des bobos, mais trop bobos pour être des beaufs, des bobeaufs donc) regardant les films (non sans s’être bruyamment demandés mutuellement quels films chacun regardait bien évidemment), s’endormant, etc.

Malheureusement, je crois que la pire était la femme assise un rang derrière moi mais pas directement derrière (directement derrière c’était bien entendu son pote qui n’arrêtait de pousser mon siège avec ses genoux ou s’appuyer dessus en se levant, etc.). Il s'agissait de l'un des plus beaux spécimens de pintade que j’ai croisé depuis longtemps (depuis celles dans le métro l’automne dernier je crois) : trentenaire, plutôt mignonne mais assez commune quand même (et donc elle devait être persuadée d’être un canon), et qui avait la faculté surhumaine de ne jamais fermer la bouche. Je ne parle pas ici de bailler aux corneilles, mais bien de parler constamment et sans jamais s'interrompre. Nombre de choses intelligentes ou même intéressantes prononcées au cours de ce long voyage ? Zéro.
Oui, au bout d’un moment c’était douloureux.

Heureusement, elle dormit une partie du voyage, mais quand elle fut réveillée, cela devait être à ses yeux le signe que tout le monde autour d’elle devait aussi se réveiller puisque le moulin à paroles reprit, et bien évidemment son cerveau était trop faible pour comprendre que même dans ces cas, il est possible de parler en chuchotant.
Je pense qu’elle croyait que je n’étais pas francophone aux vagues commentaires que j’ai cru entendre plus tôt dans le vol (genre quand le type derrière poussa bien fort mon siège pour relever son plateau, sa voisine de l’autre côté lui dit de faire un peu attention à moi sur ce ton et cette troisième personne du singulier qui sous-entend que je ne comprends pas ce qui est dit) et elle eut une drôle de surprise quand je lui dis que si ça la dérangeait pas trop, il y a des gens qui aimeraient pouvoir dormir dans l’avion alors si elle pouvait baisser d'un ton cela serait grandement apprécié. Le choc de la surprise la rendit effectivement sans voix quelques minutes, mais pas beaucoup plus malheureusement. Ne voulant pas créer de scandale dans l’avion (j’étais trop fatigué pour ça), je dus donc prendre mon mal en patience pour le reste du voyage, qui touchait heureusement bientôt à sa fin…

Alors que l’avion entamait sa descente sur Paris, l’on nous informa que nous allions maintenant suivre la procédure instaurée par le gouvernement français contre la grippe porcine.
Et dire que quelques jours avant je me moquais des dispositions prises par le Japon et était intrigué par les méthodes Hong Kongaises…
Les hôtesses de l’air se sont soudain mises à pulvériser un drôle de produit dans la cabine (certifié approuvé par l’OMS) sans aucun vrai avertissement au préalable (genre l’avertissement fut fait quelques secondes avant le début de la « fumigation »), je ne sais pas si c’était efficace contre la grippe, mais la sensation était des plus déplaisantes (plus psychologiquement que physiquement, et pourtant je suis pas claustrophobe), et je me demandais ce qu’en pensaient les asthmatiques à bord de l’avion (mais bon personne n’est mort ni n’a fait de crise)

Bientôt nous atterrîmes et bien sûr il a fallu que les bobeaufs se distinguassent une dernière fois. L’avion roulait encore sur le tarmac, il approchait de son emplacement d’arrêt, pas même encore connecté au couloir de débarquement que l’annonce fut faite qu’il était désormais possible de rallumer ses téléphones portables et autres appareils électroniques. Il était 6 heures du matin, il n’y avait personne à appeler, et écouter ses messages pouvait encore attendre quelques minutes, mais non : ils se jetèrent tous, l’annonce pas encore terminée, d’un mouvement que Jules Romains qualifierait d’unanimiste, sur leurs portables et autres blackberries… Pathétique.

Il y a pas eu une étude récente montrant que les Français étaient les pires touristes du monde ???
C’est bien ce qu’il me semblait.

Et c’est sur cette note pas des plus plaisantes que notre voyage s’acheva…
Welcome back to France.

2 commentaires:

  1. En effet, j'ai aussi constaté que le racisme envers les asiatiques est bien accepté.
    Ca ne choque personne de dire chinetok et d'imiter l'accent façon Michel Leeb.

    Je pense que les gens ont peur à cause de la loi ou de l'image qu'ils renvoient mais ne sont pas moins racistes pour autant. Raciste est un mot peut-être un peu fort. Je qualifierais plutôt cela d'ignorance ou de connerie. Moi aussi je faisais des blagues sur les chinetoques envers une collègue de classe mais c'était au collège. C'était de la connerie pure.

    Maintenant que je suis marié à une chinoise, je constate d'autant plus les piques (tous les trucs sur jaune et bridé) venant parfois de gens proches qui ne se rendent même pas compte de leur irrespect.

    Une petite anecdote pour finir : ma femme en voiture, suivait ses parents, également en voiture. Ils se font arrêtés à un rond-point par une organisation caritative qui recueillait des fonds. C'est d'abord le tour des parents mais ils ne donnent pas d'argent et repartent. Ma femme s'arrête à son tour et au moment où elle ouvre sa vitre, elle entend la gentille nana dire à sa collègue : "connards de chinois".
    Sur le coup, elle a été pétrifiée !

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  2. Tu sais connerie et racisme vont souvent ensemble (t'en connais toi des racistes pas cons?)

    Sinon je ne te savais pas marié à une Chinoise..
    Tu pourras partager tes expériences avec Fred (de racisme contre les Chinois en France, les autres expériences vous vous les gardez pour vous gros dégoûtants).

    En fait, j'ai l'impression que les Chinois vont trinquer de plus en plus.
    D'un côté le racisme "traditionnel" anti asiatique, mais avec l'effondrement progressif des US et la prépondérance de plus en plus importante de la Chine, je pressens de plus en plus l'antiaméricanisme primaire de nos contrées se transformer en anticinisme primaire...

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