vendredi 9 juillet 2010

Péquenaud

Ça y est, c'est officiel, dans un mois plus ou moins jour pour jour je redeviendrai un péquenaud de province. "Province" c'est le mot que les Parisiens utilisent pour parler du territoire que le reste du monde et tout particulièrement 50 millions de leurs compatriotes appellent France.
Et "Péquenaud" ?

J'avoue que quand j'étais plus jeune, je ne comprenais pas en quoi nous, les non-Parisiens, étions des péquenauds à leurs yeux. J'ai vécu près de 4 ans et demi à Paris et maintenant je comprends...

Être un péquenaud, c'est mener une vie où le stress ne tient pas une place importante. Être un péquenaud, c'est vivre dans un monde où tout le monde n'est pas agressif ni suspicieux de tout le monde, où la gentillesse est le comportement par défaut envers les autres, pas la méfiance, l'agression ou le mépris. Être un péquenaud c'est vivre dans un monde où l'on mange bien, tout le temps ou presque et pour beaucoup moins cher qu'à Paris, un monde où la nourriture que l'on trouve dans les marchés provient de champs situés à 10 kms de là, pas importés de pays lointains, pas encore totalement mûrs et limite génétiquement modifiés ou je ne sais quoi. Être un péquenaud c'est ne pas passer la moitié de son salaire dans un appartement trop petit, vétuste et qui tombe presque en morceaux, avec des murs trop fins au point qu'on a l'impression que vos voisins sont en fait vos colocataires. Être un péquenaud c'est ne pas passer la moitié de sa journée dans des métros bondés, vétustes eux aussi, insalubres qui puent la pisse quand c'est pas la merde, remplis de gens aigris, colériques, sans oublier son lot quotidien de fous plus ou moins dangereux. Être péquenaud c'est ne pas vivre dans un monde où quelle que soit votre classe sociale, l'apparence est toujours plus importante que la substance, où les gens vous jugent par rapport aux marques de vos vêtements, à la marque de votre téléphone portable et autres critères aussi pathétiques que vides de sens. Être péquenaud - puisqu'il est question de classes sociales - c'est vivre dans un monde où la mixité sociale est une réalité, où les riches et les pauvres se fréquentent - au moins un minimum - ne serait-ce que dans la rue ou en faisant ses courses ; un monde où les banlieues, quand elles existent, ne sont pas des ghettos qui donnent une bonne réputation à Watts. Être péquenaud c'est vivre dans un monde où la nature ne se réduit pas à des parcs entourés de grilles en métal et où le gazon est fait pour être regardé pas utilisé ; un monde qui n'est pas irrespirable (au sens propre) dès qu'il fait un peu chaud et où les automobilistes ne respectent ni les piétons, ni les vélos, ni même les autres automobilistes.
Être un péquenaud c'est ne pas vivre dans une ville qui se croit le centre du monde, sans se rendre compte que ce monde s'arrête au périphérique et dont l'influence a un rayon d'environ 200 km, le reste de la Terre se contrefoutant de cette ville sinon comme destination touristique...

Je pourrais continuer un petit peu, mais au lieu de cela, je conclurai par un : Si c'est ça être péquenaud, je suis fier d'eux, et je suis aux anges de redevenir un péquenaud et je n'aurais jamais dû cesser d'en être un.

6 commentaires:

  1. Je veux être une péquenaude toute ma vie !

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  2. Cool pour toi ! Tu repars à Toulouse ? Ailleurs ?

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  3. Je repars à l'aventure... ;-)

    Dans un premier temps dans le Sud-Ouest. Après? Aucun projet concret, mais plusieurs idées en tête.

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  4. Cool!
    Moi, citadine qui aime la nature habite en ce moment un petit village dans le sudouest. Paris me manque un peu... pour le shopping, l'animation constante dans les rues, la mixité et l'international - oui, quand meme - mais je me vois pas du tout retourner vivre là-bas. on est trop bien ici, entre pequenards....

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  5. Et avec un peu de chance on sera voisins... (bien que je pense que mes chances de trouver du travail dans les Landes sont proches du zéro) :-)

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  6. Tu n'es effectivement pas le seul à vouloir vivre ici.. mais le monde est petit et on ne sait jamais... !

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