mardi 24 février 2009

Tâter le Cul des Vaches ?

Alors voila, cette année pour la première fois, je suis allé au Salon de l'Agriculture qui se tient en ce moment-même à Paris, à la Porte de Versailles, vous êtes certainement au courant.

Pendant des années ce Salon m'a intrigué au plus au point. Dans ma jeunesse j'avais simplement du mal à comprendre en quoi il consistait (parce que l'agriculture à Paris...)
Puis Jacques Chirac fut Président et là, la question ne se posait même plus.
Mitterrand avec la culture, Chirac avait l'agriculture (pas exactement, mais vous voyez l'idée).

Depuis que je vis à Paris, y aller ne m'était même jamais venu à l'idée, mais cette année, j'ai sauté le pas (certaines mauvaises langues disent que c'était dans l'espoir d'y croiser Sarkozy pour lui lancer une certaine phrase, mais se sont de mauvaises langues).



En fait, ce qui m'intéressait, c'était surtout de voir les Parisiens confrontés au monde paysan.
Pour ceux de mes lecteurs qui ne le savent pas, même si je n'ai jamais vécu à la campagne, je viens d'une région où l'agriculture est une des "industries" principales, et la moitié de ma famille est rurale et agricole, j'ai passé la grosse majorité de week-ends de mon enfance (ainsi qu'un bon paquet de vacances) au milieu des poules et des vaches, et au final, je suis l'un des urbains les plus ruraux que je connaisse... surtout à Paris.



Bref, quand j'étais petit, en classe, je me rappelle d'une des interventions d'un camarade de classe un jour. Il disait que les enfants parisiens ne connaissaient des poulets que leur forme plumée, morte et sous cellophane, et des vaches uniquement la photo sur le carton de lait.
J'avais toujours pensé qu'il exagérait. Comment pouvait-on être enfant et ne pas aller batifoler au milieu de ces animaux et bien d'autres le week-end chez sa grand-mère à la campagne ?




Arrivé à Paris, je me suis souvenu de cette anecdote, le jour où, pour une raison qui m'échappe (l'approche des fêtes de fin d'année sans doute), le fromager en bas de chez moi s'était procuré quelques poules qu'il exhibait dans une cage au milieu de ses étals. La réaction des petits enfants me semble encore irréelle aujourd'hui. Il est clair que pour la majorité, c'était la première fois qu'ils voyaient un tel animal "en vrai" et leurs réactions allaient de la fascination, l'incrédulité, la peur même. Les adultes non plus n'étaient pas insensibles au truc, et là où je me disais "tiens, des poules..." je voyais les parents de ces bambins presque tout aussi fascinés que leurs progéniture.




Bref, pour toutes ces raisons et d'autres, je suis allé au Salon de l'Agriculture aujourd'hui et je ne fus pas déçu. En fait, si un petit peu, j'espérais croiser un homme politique serrant des mains -ça fait partie intégrante du Salon ce genre de trucs- et en fait non, je n'en ai pas vu. Juste une voiture ministérielle garée avec ses gardes du corps et des gendarmes mobiles (j'appris plus tard que François Fillon et Michel Barnier étaient tous deux présents aujourd'hui).




Mes impressions :
-Putain c'est grand. A la Porte de Versailles, je suis surtout habitué au Salon du Livre qui n'est pourtant pas petit, mais là, c'est pas un Hall qui est utilisé c'est cinq (en même temps, une charolaise ça prend un peu plus de place qu'un livre).
-C'était réellement intéressant.
-Je ne m'attendais pas (pourquoi donc ?) à un Hall entier (sur deux niveaux) réservé au produits régionaux de toutes les régions de France (même les DOM-TOMs sont représentés... pour une fois).
-Les animaux (parce que le reste, avouons-le, on s'en fout un peu...)
Il y en avait beaucoup plus que je n'imaginais, mais je m'inquiète un peu.
Comment ces animaux survivent les 10 jours de folie qu'ils doivent subir : foule énorme, bruit, stress, peu de sommeil (je suppose), peu ou pas d'air frais, peu ou pas de mouvement... Ça doit être une sacré galère pour eux, je me demande s'il y a des pertes...
Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne.
Les chevaux semblaient tous super stressés, mais certaines dispositions semblent prises pour eux (genre ils tournent le dos au gens, j'ai cru comprendre qu'ils pouvaient prendre l'air (après la fermeture des portes?) derrière le hall, etc.
Les cochons eux, ils semblent s'en contreficher du monde, tous semblent vivre leur vie pénard et faire essentiellement la sieste.
Les lapins, difficile à dire ce qu'ils pensent les lapins.
Les poules et canards semblent se sentir un peu à l'étroit dans leurs cages, mais ils ne semblent pas plus stressés que ça non plus.
Les moutons, ça dépend lesquels, j'ai l'impression.
Les chèvres, ça avait l'air d'aller.
Les vaches, ça dépendait des individus, mais la plupart semblaient ne pas mal vivre l'expérience.




Enfin pour ne pas faire mon blasé, j'avoue que j'ai vu un truc que je n'avais jamais vu auparavant : des poussins sortir de leurs coquilles.

Et pour répondre à la question initiale : non, je n'ai malheureusement pas pu tâter le cul des vaches. Il est interdit de les toucher (ce qui se comprend), et même si certains se sentent au-dessus de ce genre de règles (on est Paris, je vous rappelle), ce n'est pas mon cas.




Et pour finir, au sortir du Salon, j'ai réalisé que pris par l'ambiance générale (et je l'avoue heureux d'être entouré de toutes ces bêtes pour la première fois depuis trop longtemps), j'ai complètement oublié ce pour quoi j'y étais allé, à savoir analyser les choc culturel entre Parisiens et monde paysan (dans des circonstances inhabituelles : les ruraux qui amènent des bouts de leur monde à Paris). Il va donc falloir que j'y retourne l'an prochain.




(photos courtesy of 康代 2009)

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